Festival de Piano au Musée Würth

La multinationale Würth présente un peu partout dans le monde a son siège français à Ernstein près de Strasbourg. Située dans un complexe industriel, elle comprends aussi un Musée et un auditorium. Cette année , le thème était: Art Brut; on y retrouve des oeuvres picturales collectées dans des institutions psychiatriques mais aussi d’autodidactes. La visite du Musée est ouverte jusqu’au 21 mai 2023`.

Un Festival de piano y est lié , quatre pianistes s’y produisent . Un choix établi par son Directeur artistique, Olivier Erouart, par ailleurs aussi Directeur de « Action 4 » chaîne de Musique couvrant le grand Strasbourg et même au-delà. Laurent Cabasso ouvrait les festivités par un programme JS Bach. Ce pianiste français se situe dans la grande tradition Kempff, Schnabel. Laurent vient de sortir son dernier CD consacré aux Toccatas de Bach, premier enregistrement intégral. Programme dense et bien structuré, Une après-midi de choix. Mais je dois avouer que pour ma pauvre personne, c’était une overdose de Bach. Honte à moi ? Oui, je l’admets. Mais la découverte des Toccatas m’a beaucoup appris. Merci, Laurent.

Adam Laloum , jeune pianiste en vogue, apportait dans ses bagages Schumann (Scènes d’enfants, Kreisleriana) et Schubert (Sonate D. 959). Programme ambitieux ! C’est le 1er Lauréat du Concours Haskil en 2009. C’est ce Concours qui l’a propulsé sur toutes les estrades. C’est une nature très intéressante. Il joue Schubert pas comme les autres. Par exemple, il multiplie les ppp à profusion, un peu trop . Mais parfois tellement ppp que l’on suppose qu’il a émis un son. Il n’hésite pas à prendre des risques techniques. en fait, il touche le clavier comme un chat qui fait patte douce. C’est très curieux, ses mouvements des mains et des bras sont très esthétiques ., vraiment curieux ! Si je devais le résumer, je dirais que c’est l’image parfaite d’un lauréat du Concours Haskil. Mais c’est tellement musical !

Enfin, Can Cakmur prenait la relève le lendemain. J’avais rencontré ce pianiste turc à Hamamatsu, lorsqu’il fut 1er lauréat du célèbre Concours. C’était en 2018. Je ne l’avais plus entendu depuis (covid…..). Je me rappelle qu’il m’avait fortement impressionné. Et que j’avais hésité à l’inviter au « Brussels Piano Festival » entre lui et le second lauréat , Tomoharu Ushida. Can Cakmur a explosé de rire quand je lui ai raconté mon hésitation et que finalement, une amie japonaise m’avait fortement influencé. Ceci dit, Can a admit que le japonais était excellent. La Sonate D.845 est superbe, mais que c’est long ( ces divines longueurs…). Il avait le mérite de mettre une pauvre de Dimitri Mitropoulos à son programme, la Passacaille, Intermezzo et Fugue. Je n’ai pas aimé la Chaconne pour la main gauche de Bach-Busoni. Je lui ai avoué que je n’aimais pas cette version , que je préférais la « Konzerbearbeitung de Besoin, qui a restitué cette cathédrale de Chaconne. La version de Can était trop morcelée et ne ressemblait plus à du Bach. Ce n’étai pas une cathédrale chez lui mais enjeu de Lego. MAIS? Can est un beau pianiste et il commence une belle carrière.

La quatrième pianiste nous venait de Strasbourg où elle enseigne au Conservatoire. :Amy Lin. amy avait du remplacer le pianiste prévu, ceci au dernier moment. Sa performance était honorable vu les circonstances. Je souhaiterais la revoir car je crois que son programme n’était pas tout à fait au point. Elle est belle musicienne mais le moment était mal choisi pour se produire. elle a eu le courage de dépanner le Festival. a ses risques et périls.

Le public était nombreux pour se déplacer dans un endroit un peu sinistre mais ramené à la vie par le Musée et Le Festival. Il faut souligner que cet événement est privé et financé par une entreprise. Les gens qui y travaillent sont nommés en fonction de leur talent et non pour leur appartenance politique . De plus, le Musée et le Festival de piano sont gérés comme une entreprise privée.

Marc Castelain