Bartok à Sydney

L’information avait bien circulé dans les media. Le Sydney Symphony Orchestra donnait le Concerto pour orchestre de Bartok ce samedi à 20 h. dans la salle de concert de L’ Opera House.

Lorsque l’on écoute « ABC Classic » , la chaîne musicale de la radio, on est submergé de tubes, les symphonies de Beethoven, Chopin, Brahms, Tchaikovski etc. Bref, le répertoire grand public. On comprend que la publicité pour le Concerto de Bartok se devait de toucher ce grand public d’autant qu’il emmenait avec lui Janacek et Steve Reich.

Je trouve ce programme très intéressant et courageux pour Sydney.

La soirée commençait avec la Rhapsodie pour orchestre « Taras Bulba » de Janacek qui pouvait déjà mettre en évidence les différents pupitres de l’orchestre. David Robertson a mis tout son talent au service du public. Une gestique précise et suggestive emballait son orchestre. Tout de suite, on tombe sous le charme de l’homogénéité des cuivres , brillants et souples dans leur articulation.

Suivait une première en Australie, « Music for Ensemble and Orchestra » (2018) de Steve Reich. Cette dernière exploration du minimalisme nous laisse perplexe, écriture complexe et longue , pour St. Reich, 20 minutes. Steve Reich n’avait plus composé pour orchestre . L’oeuvre présentée ce soir est un retour à l’orchestre abandonné » depuis 30 ans. Si l’on prend l’ensemble habituel de Reich, il faut ici y ajouter deux pianos et deux vibraphones. Sans oublier quatre trompettes.

Je dois avouer que je ne suis pas Reich dans cette nouvelle pièce. Peut-être l’artiste a-t-il tout dit du message qu’il voulait nous laisser dans ses oeuvres précédentes et qu’il faut faire du nouveau à tout prix. Bref, je trouve ces vingt minutes trop longues et n’ai pas réussi à accrocher. Malgré tout le talent du chef.

Mais le morceau de consistance, tant attendu, était ce soir le « Concerto pour orchestre » de Bartok. Nous avons vécu un grand moment car les cuivres ont confirmé toutes leurs qualités et avec quel brio. J’en dirai autant de chaque musicien du groupe des bois. L’ Orchestre de Sydney avec à sa tête David Robertson a rejoint ce soir les grandes interprétations de ce Concerto.

David Robertson a réalisé un immense travail avec l’orchestre car il y a encore quelques années , de nombreuses lacunes étaient décelables dans cet ensemble. Je ne comprends toujours pas comment on a confié l’ Orchestre à Vladimir Ashkenazy qui se contente à illustrer la musique par sa gestique. Ceci n’est pas un cas isolé où on engage une chef qui a un nom dans une autre discipline et qui apprend un métier qui n’est pas le sien. Il faut encore se convaincre qu’un bon musicien n’est pas nécessairement un chef d’orchestre. L’orchestre de chambre de Wallonie en est un exemple concret.

Bref, cette soirée était des plus intéressantes à plusieurs points revue. Malgré la prestation des musiciens, le public n’était pas des plus enthousiastes, preuve que l’éducation de ce public reste à faire. Et David Robertson et le « Sydney Symphony Orchestra  » ont fait  » a good job ». Merci à tous les musiciens.

Sydney le 17 février 2019