A Mozart Celebration

Emanuel Ax était la vedette des trois concerts d’ouverture de la saison. Trois soirées consacrées à Mozart à raison de deux concertos par soirée. Nous avons été gâtés car la collaboration du pianiste avec David Robertson à la tête de l’Orchestre Symphonique de Sydney était superbe.

La première soirée débutait avec l’ Ouverture de « Don Giovanni », suivi par le K.449, après l’entracte le K.466 où Emanuel Ax nous a émerveillé avec une superbe cadence (celle de Beethoven). Nous terminions la soirée par la Symphonie n°40, K.550. Nous connaissions Emanuel Ax par sa présence aux Festivals de Verbier. L’artiste , âgé aujourd’hui de 68 ans, est au summum de son talent. C’est l’identification de l’apollinien , tout est en place, son phrasé est unique, on respire la musique telle que nous croyons Mozart  l’avait conçue. Aucun accent extérieur, son piano est plus confidence que brillant. Parfois, on croit qu’il parle à votre oreille , à votre coeur. Emanuel Ax aborde le concerto comme un chambriste qui s’intègre à un groupe instrumental. Et l’ Orchestre joue parfaitement son rôle en veillant à ne pas couvrir le soliste. David Robertson, qui en est le directeur artistique , est en parfaite osmose avec Ax.

 

credit Daniela Testa

 

Les concertos sont accompagnés en version orchestre de chambre, tandis que les oeuvres symphoniques sont défendues par l’orchestre au complet. Ainsi seront donnés six concertos de Mozart en trois soirées. Ax avait déjà joué ces concertos avec Robertson et le St Louis Symphony à l’époque où il en était le directeur artistique. Nous avions en fait affaire à des retrouvailles. De là ,la parfaite entente entre les interprètes. Le dernier concert sera consacré aux concertos K.459 et K.595. Je serais volontiers resté pour une intégrale……Ici encore , je retrouve Ax, en interprète modeste, s’effaçant entièrement devant Mozart. Il structure minutieusement l’oeuvre, en poète qu’il est. tout est parfaitement élaboré, j’aurais d’ailleurs aimé un peu plus de surprises. Le son de Ax est d’un raffinement rare. Tout est ciselé, précis. Nous savons combien c’est difficile de jouer Mozart , avec Ax, cela a l’air tellement facile, évident….

 

credit Daniela Testa

 

 

David Robertson inspire ses musiciens, il a fait un bon travail avec cet orchestre symphonique que je connais depuis 25 ans. Un travail de longue haleine a été réalisé et le SSO est devenu un superbe orchestre que nous aimerions découvrir en Europe. Je me souviens de mes premiers concerts , et des prestations lors des Concours Internationaux de Piano, d’un ensemble en voie de devenir….L’année passée, j’ai entendu l’intégrale des symphonies de Beethoven par Van Immerseel et son Ensemble et peu de jours après cette intégrale, le SSO donnait son intégrale dirigée par Vladimir Ashkenazy, qui gesticulait beaucoup trop. Je considère qu’il n’est pas un chef d’orchestre. Mais son nom attire. C’est un argument. Encore quelques mots à propos du dernier Mozart/Ax, Avant de débuter la seconde partie de la soirée, le concertmaster a pris la parole pour souligner le travail effectué par l’orchestre et il a voulu présenter chaque membre qui est venu individuellement sur scène pour saluer. C’est une idée intéressante . Le public s’est déchaîné en applaudissements. Après la dernière note de Mozart, Emanuel Ax nous a offert un Nocturne de Chopin en bis, mais il avait un peu trop conservé les pantoufles de Mozart.

Chaque concert est donné deux fois. Et chaque fois cette admirable salle de l’ Opéra de Sydney est sold out. Le public semble assez novice car ils applaudissent entre les mouvements. Il y a encore des progrès à faire en ayant un peu d’audace dans la programmation. Mais ne faisons pas la fine bouche. Ces trois soirées nous ont comblé.

 

Marc Castelain

Sydney , 12 février 2018

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