Festival de Sydney : « Passion » de Pascal Dusapin

Ce Festival a un programme très ouvert et il n’hésite pas à programmer une oeuvre nouvelle pour son public. « Passion » est le dernier opéra de chambre de Dusapin , la mise en espace en avait été confiée à Pierre Audi.

C’est un jeune ensemble australien qui était chargé de défendre cette partition : le « Sydney Chamber Opera » dirigé par son fondateur:Jack Symonds.

Les musiciens sont sur scène, six chanteurs assis devant eux représentent le « choeur ». L’opéra est écrit principalement pour deux solistes , référence au mythe d’ Orphée.

L’impression globale est positive. Une heure et demie de tension due à un texte dense , épuré . L’ensemble de chambre est impressionnant de précision ; l’orchestration de Dusapin est écrite par petites touches avec des combinaisons instrumentales surprenantes. Il ne s’agit pas vraiment de « Klangfarbenmelodie’ mais d’un langage qui s’en approche. Le chef et son orchestre nous offrent un décor sombre mais fascinant.

La mise en espace de Pierre Audi est pleine de retenue , le texte ne raconte pas un histoire mais nous plonge dans un gouffre de sous entendus , de paroles répétées comme si les deux protagonistes ne s’entendaient pas ou qu’ils se cherchaient. Peu de mouvement engendre la tension . Et c’est cette tension qui nous permet de rester accrochés à cette histoire qui n’en est pas. Pour cela, il fallait la contribution de deux solistes d’exception. Wiard Witholt, l’homme et Elise Caluwaerts . Cette dernière nous a subjugué par sa souplesse vocale et ses qualités de comédienne. Je crois que c’était une prise de rôle pour elle. Bien que bien écrit pour la voix, sa partition demandait des qualités supérieures à la moyenne. Je comprends qu’elle ait une formation baroque mais qu’elle s’accapare aussi la « Reine de la Nuit ». Il fallait une artiste complète. Nous l’avons trouvée. A ses côtés, Wiard Witholt , était le partenaire idéal.

Je ne m’étendrai pas davantage sur la partition , après une première audition, tout ce que je puis ajouter en tant que mélomane , c’est que j’ai passé une heure et demie de bonheur. Même si le texte me semblait parfois surchargé de redondances. Bravo au « Sydney Festival » de présenter ce spectacle apprécié ce soir par un public venu nombreux.

 

Marc Castelain, Sydney le 15 janvier 2016